Mercredi 29 mars 2023 - Tupungato - San Juan
Les gnous avaient convenu de quitter la Posada pour 9.00 h. Il n’en fût hélas rien: le petit-déjeuner était beaucoup trop attirant pour l’engloutir en une poignée de minutes. Le départ fût donné avec 50 minutes de retard.
Notre première étape fût Tupungato où Tonygnou avait déniché la veille un costume de bain pour Milougnou. Celui de McGnou ayant explosé, il en réclama également un. Très complaisant, Tonygnou retourna au même magasin pour en acquérir un deuxième. Nous fîmes le plein d’essence, après quoi on nous intima l’ordre de stationner nos motos sur l’emplacement réservé aux handicapés. Pourquoi là, demanda-t-on ? Parce que c’est le seul emplacement libre nous dit-on.
Bernagnou cherchait désespérément à faire valider sa carte de crédit dans un distributeur de billets. On se rendit au centre de Mendoza à cet effet. Entre-temps, Tonygnou avait été informé d’une adresse sûre pour échanger les euro contre des pesos.
Ces formalités remplies, on se rendit vers le parador de Villavicencio dans l’espoir de s’y restaurer.
Après une longue ligne droite, les montagnes s’approchaient inexorablement. On put bientôt les grimper. Le nom de parador était bien emphatique pour un refuge de montagne: le petit établissement se trouvait le long de la route et nous pûmes nous rassasier d’une escalope milanaise aussi peu goûteuse qu’esthétique. Nous nous lançâmes à l’assaut du sommet de cette partie de la cordillère, constatant à quel point il était désolé. La route non revêtue caracolait de lacet en lacet. L’ascension offrait une vue exceptionnelle sur les montagnes escarpées et les vallées profondes. Chacun prit ses repères avec sa moto et ce terrain inégal quoique modérément complexe. Prenant de l’assurance, les cavaliers apprenaient à manier leur monture avec dextérité sur la roche affleurante, les grenailles et la terre battue.
Les paysages sublimes dont les gnous sont si friands, accueillaient de sympathiques montagnards; un lama qui semblait en rut appelait ses congénères qui paissaient agréablement plus bas. Une femelle cracha à la tête d’une autre, prouvant que le capitaine haddock n’était pas le dernier arrosé.
Au sommet où nous fîmes halte, une renarde de la pampa vint nous présenter ses renardeaux. Elle tourna autour de nous sans nous craindre et passa quelque temps à moins de cinq mètres.
Nous descendîmes ensuite et profitâmes de la vue en sens inverse. Un ancien poste de télégraphe, témoin de l’ingéniosité de nos pères pour télécommuniquer semblait attendre une nouvelle affectation.
Les ordinateurs de bord indiquaient une autonomie entre 5 et 9 kilomètres lorsqu’une pompe Shell apparut. Chacun souffla d’aise d’avoir évité la panne sèche. Nous avions parcouru 250 km sans voir de station-service.