Lundi 11 mai 2015
Le soleil qui la veille avait dardé ses rayons sur les museaux des gnous était à nouveau au rendez- vous. Pressés d’en découdre avec le bitume, ils avalèrent leur petit déjeuner sans mâcher et se ruèrent sur leurs machines en faisant vrombir les moteurs.
La truffe plus affectée par les morsures solaires que celle de ses congénères, Finougnou demanda à Papa Gnou la permission de quitter la harde pendant 5 minutes afin d’acquérir une crème solaire pour protéger ses naseaux couperosés et endoloris. Papa Gnou, bon comme le pain qu’il avait mangé sans modération la veille, accorda son absolution à son petit camarade qui s’en alla tout ragaillardi chercher une pharmacie toute proche disait-il.
Un quart d’heure passa, puis un autre, sans que Finougnou ne refasse surface. Les gnous piaffaient d’impatience mais le larron restait introuvable. Charmingnou proposa de partir à sa recherche. Papa Gnou le mit en garde : «5 minutes maximum !»
Un deuxième gnou manquait à présent à l’appel. Mc Gnou en profita pour s’allonger sur l’accotement, tentant de reprendre des forces pour la journée.
Les gnous restant avaient déprécié leurs actifs perdus et s’attendaient à passer la journée sous le soleil de Cortina lorsque l’un après l’autre les égarés réapparurent le sourire aux lèvres accusant les sens uniques de leur avoir causé un retard aussi long qu’inacceptable.
La horde se mit en route vers les cols de Giau et de Sella.
Les épingles à cheveux se succédaient à la vitesse de l’éclair et nous les enfilions à bon rythme.
Jusqu’à soixante épingles pour un seul col : nous étions ravis.
Les Gnous s’étaient mis dans la tête de prendre un raccourci à travers la montagne pour rejoindre Siusi allo Sciliar, ce qui est généralement le meilleur moyen pour ajouter 50 km à l’itinéraire. Le raccourci macadamisé se couvrit d’abord de grenailles, puis de terre et se perdit dans la montagne pour terminer sur une ferme isolée en cul-de-sac dans la montagne. Les gnous reculent rarement devant la fatalité mais cette route recommandée par Michelin en personne était totalement impraticable. Nous nous rendîmes à l’évidence, rebroussâmes chemin et ajoutâmes quelques dizaines de milliers de tours de roues à notre périple.
Un petit bar à motards nous accueillit pour notre déjeuner. Un sandwich au fromage et au Speck pour chacun et une portion de strudel pour deux gnous. Ainsi nous restâmes légers pour l’après- midi.
Nous reprîmes notre parcours et un peu plus tard, Mc Gnou disparut du groupe, semant la perplexité chez les gnous dont la devise est
« Paumés mais groupés »
Pour la pénitence de son forfait du matin, Finougnou fût envoyé à la recherche de l’égaré mais revint bredouille.
Il établit une communication téléphonique avec Mc Gnou qui expliqua que son moteur étant en
surchauffe, il était redescendu en roue libre dans la vallée à la recherche de liquide de refroidissement, et que l’ayant trouvé dans une station-service il avait fait l’appoint de sa moto qui en manquait cruellement.
Une fois qu’il eût rejoint le groupe, Papa Gnou lui demanda la raison de son silence radio. Tout contrit, Mc Gnou balbutia qu’il était si préoccupé par sa panne qu’il en avait oublié d’en informer ses petits camarades. Papa Gnou dans un de ses grands jours pardonna et la troupe se remit en marche.
Un peu plus loin, Milougnou qui avait pris la tête de la cohorte fût forcé par la polizia stradale de se ranger sur le bas-côté. Tous les gnous s’alignèrent et descendirent de leur monture. Mc Gnou tenta de nouer la conversation dans l’idiome de Dante ce qui ravit les représentants de l’ordre : « Aha, bello ; Lei parla italiano ! »
Mc Gnou s’excusa par l’affirmative, argumentant que la langue italienne était si belle qu’il ne pouvait vivre sans. Il se demanda aussitôt s’il n’avait pas forcé quelque peu le compliment. Au contraire, la policière se montra ravie et lui rétorqua : «Dans ce cas je ne contrôlerai que les papiers de ceux qui parlent italien ; Patente e libretto prego ! »
Mc Gnou expliqua qu’il était seul à torturer sa langue maternelle et tendit ses documents pendant que Papa Gnou suait des gouttes comme des épingles : le matin même, il avait oublié tous ses papiers à l’hôtel.
Mc Gnou poursuivait sa conversation, mi-goguenard, emballant les pandores de sa logorrhée latine.
Une fois les détails notés, la policière lui rendit la carte grise et le permis de conduire et arrêta la circulation pour permettre à la troupe de reprendre la route en toute sécurité.
Papa Gnou se dit : « nous avons eu notre tranche de police du jour, plus besoin de nous inquiéter. C’était compter sans la pléthore de patrouilles en ce lundi.
En effet un peu plus loin, il se trouva derrière un autobus fort encombrant pour la poursuite de son voyage. Les décorations horizontales de la route ayant pour lui un rôle purement décoratif, il se mit en tête de sauter la ligne blanche pour dépasser l’encombrant transporteur de personnes. Las, au moment d’exécuter sa manoeuvre, il aperçut la polizia municipale dans la courbe et renonça à l’opération, croisant à nouveau la ligne blanche pour se réfugier derrière l’autobus. Ainsi caché d’eux, les pandores ne purent faire grand-chose si ce n’est constater qu’il poursuivait l’autobus à très courte distance au moment où il passa à leur hauteur.
Il était déjà trop tard pour lui intimer un quelconque ordre, mais le justicier sortit son carnet pour noter son numéro d’immatriculation… qu’il enverra dans Dieu sait quel pays, car Papa Gnou n’arbore fièrement aucun B sur sa machine.
La truffe plus affectée par les morsures solaires que celle de ses congénères, Finougnou demanda à Papa Gnou la permission de quitter la harde pendant 5 minutes afin d’acquérir une crème solaire pour protéger ses naseaux couperosés et endoloris. Papa Gnou, bon comme le pain qu’il avait mangé sans modération la veille, accorda son absolution à son petit camarade qui s’en alla tout ragaillardi chercher une pharmacie toute proche disait-il.
Un quart d’heure passa, puis un autre, sans que Finougnou ne refasse surface. Les gnous piaffaient d’impatience mais le larron restait introuvable. Charmingnou proposa de partir à sa recherche. Papa Gnou le mit en garde : «5 minutes maximum !»
Un deuxième gnou manquait à présent à l’appel. Mc Gnou en profita pour s’allonger sur l’accotement, tentant de reprendre des forces pour la journée.
Les gnous restant avaient déprécié leurs actifs perdus et s’attendaient à passer la journée sous le soleil de Cortina lorsque l’un après l’autre les égarés réapparurent le sourire aux lèvres accusant les sens uniques de leur avoir causé un retard aussi long qu’inacceptable.
La horde se mit en route vers les cols de Giau et de Sella.
Les épingles à cheveux se succédaient à la vitesse de l’éclair et nous les enfilions à bon rythme.
Jusqu’à soixante épingles pour un seul col : nous étions ravis.
Les Gnous s’étaient mis dans la tête de prendre un raccourci à travers la montagne pour rejoindre Siusi allo Sciliar, ce qui est généralement le meilleur moyen pour ajouter 50 km à l’itinéraire. Le raccourci macadamisé se couvrit d’abord de grenailles, puis de terre et se perdit dans la montagne pour terminer sur une ferme isolée en cul-de-sac dans la montagne. Les gnous reculent rarement devant la fatalité mais cette route recommandée par Michelin en personne était totalement impraticable. Nous nous rendîmes à l’évidence, rebroussâmes chemin et ajoutâmes quelques dizaines de milliers de tours de roues à notre périple.
Un petit bar à motards nous accueillit pour notre déjeuner. Un sandwich au fromage et au Speck pour chacun et une portion de strudel pour deux gnous. Ainsi nous restâmes légers pour l’après- midi.
Nous reprîmes notre parcours et un peu plus tard, Mc Gnou disparut du groupe, semant la perplexité chez les gnous dont la devise est
« Paumés mais groupés »
Pour la pénitence de son forfait du matin, Finougnou fût envoyé à la recherche de l’égaré mais revint bredouille.
Il établit une communication téléphonique avec Mc Gnou qui expliqua que son moteur étant en
surchauffe, il était redescendu en roue libre dans la vallée à la recherche de liquide de refroidissement, et que l’ayant trouvé dans une station-service il avait fait l’appoint de sa moto qui en manquait cruellement.
Une fois qu’il eût rejoint le groupe, Papa Gnou lui demanda la raison de son silence radio. Tout contrit, Mc Gnou balbutia qu’il était si préoccupé par sa panne qu’il en avait oublié d’en informer ses petits camarades. Papa Gnou dans un de ses grands jours pardonna et la troupe se remit en marche.
Un peu plus loin, Milougnou qui avait pris la tête de la cohorte fût forcé par la polizia stradale de se ranger sur le bas-côté. Tous les gnous s’alignèrent et descendirent de leur monture. Mc Gnou tenta de nouer la conversation dans l’idiome de Dante ce qui ravit les représentants de l’ordre : « Aha, bello ; Lei parla italiano ! »
Mc Gnou s’excusa par l’affirmative, argumentant que la langue italienne était si belle qu’il ne pouvait vivre sans. Il se demanda aussitôt s’il n’avait pas forcé quelque peu le compliment. Au contraire, la policière se montra ravie et lui rétorqua : «Dans ce cas je ne contrôlerai que les papiers de ceux qui parlent italien ; Patente e libretto prego ! »
Mc Gnou expliqua qu’il était seul à torturer sa langue maternelle et tendit ses documents pendant que Papa Gnou suait des gouttes comme des épingles : le matin même, il avait oublié tous ses papiers à l’hôtel.
Mc Gnou poursuivait sa conversation, mi-goguenard, emballant les pandores de sa logorrhée latine.
Une fois les détails notés, la policière lui rendit la carte grise et le permis de conduire et arrêta la circulation pour permettre à la troupe de reprendre la route en toute sécurité.
Papa Gnou se dit : « nous avons eu notre tranche de police du jour, plus besoin de nous inquiéter. C’était compter sans la pléthore de patrouilles en ce lundi.
En effet un peu plus loin, il se trouva derrière un autobus fort encombrant pour la poursuite de son voyage. Les décorations horizontales de la route ayant pour lui un rôle purement décoratif, il se mit en tête de sauter la ligne blanche pour dépasser l’encombrant transporteur de personnes. Las, au moment d’exécuter sa manoeuvre, il aperçut la polizia municipale dans la courbe et renonça à l’opération, croisant à nouveau la ligne blanche pour se réfugier derrière l’autobus. Ainsi caché d’eux, les pandores ne purent faire grand-chose si ce n’est constater qu’il poursuivait l’autobus à très courte distance au moment où il passa à leur hauteur.
Il était déjà trop tard pour lui intimer un quelconque ordre, mais le justicier sortit son carnet pour noter son numéro d’immatriculation… qu’il enverra dans Dieu sait quel pays, car Papa Gnou n’arbore fièrement aucun B sur sa machine.