Dimanche 9 avril 2023 - Santiago
EPILOGUE
Milougnou et Bernagnou avaient un vol de retour en début de matinée et durent se plier à la madrugada. Ils s’enfuirent en taxi avant l’aube char. La gnoussette de McGnou avait rejoint la troupe la veille pour un tour de Patagonie sur 4 roues avec son gnou et son gaou, Tonygnou. Bernagnou devait s’envoler dans la soirée pour rejoindre la lointaine Europe. Point de programme précis pour ce dernier jour: on convînt d’aller au parc pour admirer la vue sur Santiago puis de déjeuner à côté de l’hôtel dans un restaurant français qui avait échappé à notre sagacité: “los canallas”
Le repas fût délicieux mais le rythme dominical des santiagois étira nos agapes loin dans l’après-midi. A peine sortis de table Bernagnou montra des signes d’impatience et fût conduit séance tenante à l’aérodrome.
La camionette Peugeot devait faire peau neuve après les indescriptibles aventures qu’elle avait subies: elle était non seulement aussi crottée à l’intérieur qu’à l’extérieur - et ce jusqu’au toit - mais le transport de la moto de Charmingnou avait laissé quelques traces dans la benne et la Laguna Brava avait hernié son pneu arrière droit.
Dans un faubourg de l’aéroport, Tonygnou avait trouvé un carwash manuel qui rendrait au précieux véhicule une forme plus citadine que dakarienne.
Deux personnes s’affairaient à la tâche titanesque pendant que nous observions, goguenards. Il fallut près de 45 minutes pour donner l’impression à un non-averti que nous n’avions pas fait 4.300 km et que nous n’avions vraisemblablement pas quitté la ville.
Le préposé trouva le véhicule tout à fait à son goût: jamais il n’avait vu rentrer une camionnette aussi propre. Les éraflures et le pneu passèrent au bleu avec un grand OK sur le formulaire de remise.
McGnou, sa gnoussette et son gaou s’envolèrent le soir même pour Puerto Montt. Le lendemain ils avaient prévu d’y retrouver Charmingnou, sa gnoussette et leurs amis Dolorès et Pablo pour déjeuner.
La nouvelle de l’esculape local était tombée: triple fracture du poignet de Charmingnou. Le chirurgien avait proposé la pose de broches, ce qui avait été décliné. Tout au plus posa-t-on une attelle qui réduisit la mobilité du bras endolori. Tonygnou expliqua ce que l’employé de la centrale photovoltaïque de Villa nueva lui avait confié: la piste avait été récemment endommagée par le charroi de camions transportant panneaux solaires, onduleurs et supports. En quelques mois les engins de transports avaient creusé de profondes ornières que le vent avait remplies de fesh-fesh.
La R 142, connue pour être en bon état s’était récemment transformée en piste aussi inconfortable que technique.
Les Charmingnous et les McGnous se revirent au restaurant Madrugado sur le circuit touristique de Bariloche, mais c’est une autre histoire; le poignet s’était quelque peu dégonflé et Charmingnou affirma fièrement qu’il parvenait à fermer les boutons de poignet de sa chemise tout en concédant que sa gnoussette nouait encore ses lacets.
En rentrant à Bruxelles 10 jours plus tard, son praticien lui recommanda la pose de quelques accessoires métalliques dont sa moto n’aurait eu aucune honte: vis et plaques de renforcement font partie de la moto comme du motard. Quelques semaines de rééducation suffiraient à le remettre en selle pour de nouvelles aventures.