Dimanche 2 juin 2019 - Tokyo - Helsinki - Bruxelles
Nous nous levâmes de bonne heure afin de prendre le Narita Express de grand matin. Hormis le poids de nos bagages qui nous allongeait les bras plus encore que la vitesse au guidon, le voyage se passa sans encombre.
Nous nous demandions comment nous vivrions le choc culturel du retour: on s’habitue vite à tant de courtoisie, d’affabilité et de gentillesse.
Jamais la politesse naturelle des japonais ne fût prise en défaut. Leur manière naturelle de s’accroupir pour nous parler lorsque nous étions assis afin de ne pas nous dominer. Leur charmant sourire et leur complaisance nous ont toujours ravis.
Leur discipline est parfaitement rassurante. C’est d’ailleurs ce que l’on enseigne aux enfants: on ne se trompe pas en s’integrant dans son environnement, en se confondant avec son entourage.
Il est aisé d’anticiper leur réaction, de prévoir leur comportement. Si le nôtre était sensiblement plus occidental, surtout au guidon, nous n’eûmes aucune réaction hostile et ne ressentîmes pas d’agressivité.
Nous nous étonnâmes de voir quatre personnes assurer la sécurité du moindre chantier routier en agitant des drapeaux jaunes ou des bâtons lumineux, même lorsqu’aucun véhicule ne se trouvait dans les parages.
Ce peuple a inventé et nous a transmis le « Kaizen », l’amélioration permanente alliant la parfaite efficacité et la frugalité dans l’industrie. Le mot est composé des deux caractères « changement » et « bon ». Le principe veut qu’un processus soit toujours améliorable, que l’on n’est jamais au bout du voyage, qu’il y a toujours moyen d’augmenter la productivité et de baisser les coûts.
Paradoxalement, un personnel inattendu est déployé, dès qu’il s’agit d’assurer la sécurité ou la reconnaissance. Les « Arigato gosaimas » pleuvaient à foison, même dans les services publics où les préposés vous remercient d’avoir attendu, d’avoir présenté votre billet, d’avoir payé ou simplement d’être là. Il arrivait que certaines personnes n’aient d’autre fonction que de vous remercier en souriant, par exemple en sortant des gares ou des hôtels. On comprend pourquoi certains expatriés ne s’imaginent même plus de retourner vivre en occident.
Les traditions vestimentaires nous ont également charmés: il n’est pas rare de voir des femmes en kimono dans la rue, en dépit de leur prix et de l’assistance nécessaire pour s’habiller de la sorte; sans une mère, une amie ou une servante, il est impossible d’enfiler seule la tenue traditionnelle.
Il ne nous fût jamais difficile de nous faire comprendre. Quelques mots de japonais ont toujours brisé la glace avec une déconcertante facilité et nos interlocuteurs se sont toujours coupés en quatre pour nous adresser la parole en anglais ou plutôt en globish.
À la station-service, trois ou quatre personnes nous attendaient pour faire le plein de nos réservoirs sous nos yeux béats d’admiration. Lorsqu’elle était équipée d’un automate unilingue, un employé venait spontanément nous prêter main forte pour nous sortir du labyrinthe de caractères.
Nous parvenions à nous faire comprendre avec des gestes et quelques mots comme « Kadu » pour « card » (de crédit) ou « hotto » pour préciser que nous désirions un thé chaud et non glacé.
Le mot préféré de Papa Gnou lui a permis de retrouver la bonne humeur lorsque ses flancs commençaient à se creuser: il s’agit de « Aïssu krimu » directement emprunté à l’anglais « Ice Cream »
Nous fûmes étonnés de l’organisation: ayant laissé nos bagages à la consigne de l’hotel à Tokyo en partant pour Hiroshma et Kyoto nous demandâmes à notre retour si nous pouvions les récupérer. On nous répondit que comme nous étions attendus, nos bagages se trouvaient déjà dans notre chambre. Cette attention nous fit forte impression.
Dans le Shinkansen, dans les trains régionaux et dans le métro, les affichages et les annonces sont systématiquement faites en japonais et en anglais. Le contrôleur salue les voyageurs en entrant dans une voiture et se retourne pour faire une courbette avant d’en sortir.
La conjonction de panneaux routiers bilingues et de nos GPS dont tous les toponymes étaient libellés en caractères romains nous a permis d’évoluer aisément en toute sécurité. Sans eux, il nous eût fallu un guide pour entreprendre un tel voyage.
Nous sommes tombés sous le charme du dépaysement, car nous nous sentions accueillis partout avec la plus grande gentillesse naturelle. Lorsque des plats locaux nous étaient servis, toutes les explications nécessaires concernant les ingrédients ainsi que la manière de les assaisonner, de les mélanger et de les manger nous étaient donnés spontanément.
Nous vîmes le personnel du restaurant français de Hakone expliquer aux clients japonais comment étendre le beurre sur le pain et y ajouter la confiture, comment verser du lait et du sucre dans le café ou comment réserver le sel, le poivre, la moutarde et le ketchup pour assaisonner les œufs au bacon et non les fruits. Nous comprîmes ainsi que ce qui coule de source pour nous peut sembler extrêmement complexe pour d’autres et nous appréciâmes beaucoup les conseils que l’on nous prodiguait lorsque nous voyions avec perplexité arriver une douzaine de petits récipients contenant des mets inconnus.
La gentillesse et l’accueil de nos guides, Clara la française et Akiko la japonaise nous ont aussi charmés. Elles ont mutiplié leurs efforts pour nous faire découvrir les aspects qui nous intéressaient le plus sans hésiter à nous livrer leurs sentiments personnels, leurs expériences et leurs étonnements.
La seule note moins réjouissante fût la traversée des villes en moto. Un roadbook parfait ne devrait passer par aucune ville ou par autoroute uniquement. Chaque carrefour étant équipé de feux tricolores, la vitesse de circulation urbaine est tortuesque. Nous le saurons pour la prochaine fois.
Le contraste des splendides routes de campagne désertes, du réseau routier dans un état exemplaire et de l’immense courtoisie des chauffeurs en fait un paradis des motards totalement sous-exploité des européens. La plupart des motards étrangers sont australiens.
Nous ignorons pourquoi nous avons mis autant de temps à découvrir ce pays enchanteur mais nous nous sommes promis d’y retourner en selle et au guidon.
Nous nous demandions comment nous vivrions le choc culturel du retour: on s’habitue vite à tant de courtoisie, d’affabilité et de gentillesse.
Jamais la politesse naturelle des japonais ne fût prise en défaut. Leur manière naturelle de s’accroupir pour nous parler lorsque nous étions assis afin de ne pas nous dominer. Leur charmant sourire et leur complaisance nous ont toujours ravis.
Leur discipline est parfaitement rassurante. C’est d’ailleurs ce que l’on enseigne aux enfants: on ne se trompe pas en s’integrant dans son environnement, en se confondant avec son entourage.
Il est aisé d’anticiper leur réaction, de prévoir leur comportement. Si le nôtre était sensiblement plus occidental, surtout au guidon, nous n’eûmes aucune réaction hostile et ne ressentîmes pas d’agressivité.
Nous nous étonnâmes de voir quatre personnes assurer la sécurité du moindre chantier routier en agitant des drapeaux jaunes ou des bâtons lumineux, même lorsqu’aucun véhicule ne se trouvait dans les parages.
Ce peuple a inventé et nous a transmis le « Kaizen », l’amélioration permanente alliant la parfaite efficacité et la frugalité dans l’industrie. Le mot est composé des deux caractères « changement » et « bon ». Le principe veut qu’un processus soit toujours améliorable, que l’on n’est jamais au bout du voyage, qu’il y a toujours moyen d’augmenter la productivité et de baisser les coûts.
Paradoxalement, un personnel inattendu est déployé, dès qu’il s’agit d’assurer la sécurité ou la reconnaissance. Les « Arigato gosaimas » pleuvaient à foison, même dans les services publics où les préposés vous remercient d’avoir attendu, d’avoir présenté votre billet, d’avoir payé ou simplement d’être là. Il arrivait que certaines personnes n’aient d’autre fonction que de vous remercier en souriant, par exemple en sortant des gares ou des hôtels. On comprend pourquoi certains expatriés ne s’imaginent même plus de retourner vivre en occident.
Les traditions vestimentaires nous ont également charmés: il n’est pas rare de voir des femmes en kimono dans la rue, en dépit de leur prix et de l’assistance nécessaire pour s’habiller de la sorte; sans une mère, une amie ou une servante, il est impossible d’enfiler seule la tenue traditionnelle.
Il ne nous fût jamais difficile de nous faire comprendre. Quelques mots de japonais ont toujours brisé la glace avec une déconcertante facilité et nos interlocuteurs se sont toujours coupés en quatre pour nous adresser la parole en anglais ou plutôt en globish.
À la station-service, trois ou quatre personnes nous attendaient pour faire le plein de nos réservoirs sous nos yeux béats d’admiration. Lorsqu’elle était équipée d’un automate unilingue, un employé venait spontanément nous prêter main forte pour nous sortir du labyrinthe de caractères.
Nous parvenions à nous faire comprendre avec des gestes et quelques mots comme « Kadu » pour « card » (de crédit) ou « hotto » pour préciser que nous désirions un thé chaud et non glacé.
Le mot préféré de Papa Gnou lui a permis de retrouver la bonne humeur lorsque ses flancs commençaient à se creuser: il s’agit de « Aïssu krimu » directement emprunté à l’anglais « Ice Cream »
Nous fûmes étonnés de l’organisation: ayant laissé nos bagages à la consigne de l’hotel à Tokyo en partant pour Hiroshma et Kyoto nous demandâmes à notre retour si nous pouvions les récupérer. On nous répondit que comme nous étions attendus, nos bagages se trouvaient déjà dans notre chambre. Cette attention nous fit forte impression.
Dans le Shinkansen, dans les trains régionaux et dans le métro, les affichages et les annonces sont systématiquement faites en japonais et en anglais. Le contrôleur salue les voyageurs en entrant dans une voiture et se retourne pour faire une courbette avant d’en sortir.
La conjonction de panneaux routiers bilingues et de nos GPS dont tous les toponymes étaient libellés en caractères romains nous a permis d’évoluer aisément en toute sécurité. Sans eux, il nous eût fallu un guide pour entreprendre un tel voyage.
Nous sommes tombés sous le charme du dépaysement, car nous nous sentions accueillis partout avec la plus grande gentillesse naturelle. Lorsque des plats locaux nous étaient servis, toutes les explications nécessaires concernant les ingrédients ainsi que la manière de les assaisonner, de les mélanger et de les manger nous étaient donnés spontanément.
Nous vîmes le personnel du restaurant français de Hakone expliquer aux clients japonais comment étendre le beurre sur le pain et y ajouter la confiture, comment verser du lait et du sucre dans le café ou comment réserver le sel, le poivre, la moutarde et le ketchup pour assaisonner les œufs au bacon et non les fruits. Nous comprîmes ainsi que ce qui coule de source pour nous peut sembler extrêmement complexe pour d’autres et nous appréciâmes beaucoup les conseils que l’on nous prodiguait lorsque nous voyions avec perplexité arriver une douzaine de petits récipients contenant des mets inconnus.
La gentillesse et l’accueil de nos guides, Clara la française et Akiko la japonaise nous ont aussi charmés. Elles ont mutiplié leurs efforts pour nous faire découvrir les aspects qui nous intéressaient le plus sans hésiter à nous livrer leurs sentiments personnels, leurs expériences et leurs étonnements.
La seule note moins réjouissante fût la traversée des villes en moto. Un roadbook parfait ne devrait passer par aucune ville ou par autoroute uniquement. Chaque carrefour étant équipé de feux tricolores, la vitesse de circulation urbaine est tortuesque. Nous le saurons pour la prochaine fois.
Le contraste des splendides routes de campagne désertes, du réseau routier dans un état exemplaire et de l’immense courtoisie des chauffeurs en fait un paradis des motards totalement sous-exploité des européens. La plupart des motards étrangers sont australiens.
Nous ignorons pourquoi nous avons mis autant de temps à découvrir ce pays enchanteur mais nous nous sommes promis d’y retourner en selle et au guidon.