Mercredi 21 Mars 2018 - Boucle de Gran Canaria
Le programme prévoyait une boucle dans les montagnes de Gran Canaria. Seul un petit-déjeuner copieux permettrait de sustenter les ventres affamés des gnous pour une telle étape.
Les gnous prirent leur premier repas avec vue sur l’océan. Les motos, allégées de tout le paquetage superflu se réjouissaient de s’élancer à l’assaut d’un relief aussi prometteur.
Le premier tronçon comprenait une quarantaine de kilomètres d’autoroute, ce que montures et cavaliers honnissent par-dessus tout. Les tunnels et les ponts se succédaient dans un paysage splendide mais l’asphalte lisse comme un billard ne sollicitait ni l’audace ni la dextérité des gnous à leurs guidons.
La montée vers Aguimes, petite bourgade endormie dans l’histoire coloniale de l’Espagne se fit sans trop de détours. Après avoir garé ses destriers sous un laurier d’Inde, le peloton fit halte dans un petit café pour prendre un “Pisse-mémé”, entendez un thé noir ou vert au citron.
Les conversations habituelles allèrent bon train chacun vantant les mérites de son dernier choix de pneus, d’huiles ou d’accessoires. Un couple motorisé se rangea à proximité, suscitant la curiosité générale lorsque le motard installa un cadenas de bloquage de la poigné de freins de la marque Garri’s. L’appareil d’un beau bleu anodisé semblait aussi dissuasif qu’efficace.
On tenta de visiter l’église locale mais la porte de bois – au propre et au figuré — résista à l’enthousiasme gnousien avec la plus grande opiniâtreté.
L’équipe repartit d’un train quelque peu plus appuyé, car il restait près de 200 km à parcourir.
Au col de San Bartolomé, Papa Gnou jugea utile de faire une halte pour admirer le paysage. Finougnou se rangea à son flanc, mais les autres gnous facétieux montèrent un peu plus haut pour se garer, laissant CEO et CFO en contrebas. Hors de la vue du chef, les couques Meli - dont les gnous raffolent autant que les schtroumpfs de la salsepareille – sortirent par enchantement des fontes de CharminGnou. La boîte fût prestement estourbie pendant que PapaGnou, ignorant le tour pendable que lui avaient fait ses congénères, se nourrissait de paysages enchanteurs. Vu les efforts énormes que le cher leader faisait pour transformer la partie sphérique de son anatomie en une rectilinéarité absolue, les petits gnous se sacrifièrent en dévorant le stock de friandises que Milougnoussette avait amoureusement disposé dans les bagages de son taureau: le chef méditait tandis que les petits gnous mélitaient.
Cet épisode précipita le suivant : privé de sucreries, le gastre de PapaGnou le conduisit aussitôt en endroit qui mettrait fin son hypoglycémie.
Le restaurant de la Perdrix à Tejeda semblait parfaitement à même de résoudre le problème dans toute sa profondeur et son urgence.
Les gnous, fort grégaires, jetèrent leur dévolu sur de cordons bleus con patatras fritas pour calmer les jérémiades ventriloques de leur chef.
McGnou eût l’idée d’appeler Luci chez MPG à Tenerife pour la remercier de son efficace sollicitude lors de la libération des fougueuses machines enfermées dans leur purgatoire douanier. Il se présenta comme Carlos-Antonio de Gran Canaria ce qui précipita ses petits camarades dans une hilare cascade de mugissements dont ils eurent grand peine à se remettre. Finougnou insista pour que le départ se fasse rapidement, car il avait la veille, gardé un bout de conseil d’administration de côté pour le déguster 24 heures plus tard. Cette gourmandise, aussi impérieuse qu’elle soit, suscita fort peu d’enthousiasme dans le rangs, à tel point que la sensibilité de Finougnou s’en trouva quelque peu égratignée: il entendait être rentré à l’hôtel pour 17.30 heures afin de jouir de son conseil dans le calme de sa chambre, au lieu de converser avec Bruxelles et New-York depuis un banc public ibérique.
Il restait aux club des six à conquérir leur premier sommet à 2.000 mètres. Le Pico de las Nieves les attendait de pied ferme, enturbané dans sa nébuleuse calotte.
La température printanière en ce jour d’équinoxe chuta avec une rapidité déconcertante, plongeant les comparses dans une consternante menace d’hypothermie, d’autant que la nébulosité commençait à larger ses précipitations. Dans une tempête de vent, un brouillard intransperçable et un froid démoniaque, les six motos parvinrent au sommet, chargées de pliotes plus morts que vifs.
La splendeur du lieu qui apparut aux gnous, était occultée par un épais écran nuageux qui réduisait la visibilité à la longueur d’un câble d’embrayage. Dans ces circonstances, tout était à redouter : la chute, le carambolage, ou même l’envol d’un gnou étourdi dans les profondeurs d’un abime aussi invisible qu’insondable. Chacun tentait de rester sur ses sabots sans être catapulté au-delà du parapet. Une fraction de seconde seulement, les nuages se déchirèrent telle la mer rouge sous le bâton de Moïse, découvrant une vallée profonde et luxuriante planté de pins, d’eucalyptus, d’agaves et de cactus.
Le brouillard ayant à nouveau envahi le sommet, nous enfourchâmes nos motos transis et reprîmes la route, espérant retrouver des températures supérieures à 2*C.
CharminGnou se souvint qu’un petit artisan de Tejeda vendait de délicieuses sucreries aux amandes qui pourraient reconstituer une partie des précieuses calories perdues au Pico de las Nieves.
Nous redescendimes prudemment dans la vallée, non sans admirer la splendide nature qui s’offrait à nouveau à nos yeux. Pour rentrer à Puerto de Mogan, nous choisîmes d’emprunter la route de la côte, ce qui nous permit de traverser les multiples chorons pour vacanciers, accrochés aux flancs des montagnes telles des grappes de parasites suçant le sang de la roche sacrée. Nous nous réjouîmes de fuir ce germinal des congés payés pour rejoindre notre hôtel où nous attendaient notre agape vespérale et nos généreux couchages sur fond de marina et de mer paisible.
Les gnous prirent leur premier repas avec vue sur l’océan. Les motos, allégées de tout le paquetage superflu se réjouissaient de s’élancer à l’assaut d’un relief aussi prometteur.
Le premier tronçon comprenait une quarantaine de kilomètres d’autoroute, ce que montures et cavaliers honnissent par-dessus tout. Les tunnels et les ponts se succédaient dans un paysage splendide mais l’asphalte lisse comme un billard ne sollicitait ni l’audace ni la dextérité des gnous à leurs guidons.
La montée vers Aguimes, petite bourgade endormie dans l’histoire coloniale de l’Espagne se fit sans trop de détours. Après avoir garé ses destriers sous un laurier d’Inde, le peloton fit halte dans un petit café pour prendre un “Pisse-mémé”, entendez un thé noir ou vert au citron.
Les conversations habituelles allèrent bon train chacun vantant les mérites de son dernier choix de pneus, d’huiles ou d’accessoires. Un couple motorisé se rangea à proximité, suscitant la curiosité générale lorsque le motard installa un cadenas de bloquage de la poigné de freins de la marque Garri’s. L’appareil d’un beau bleu anodisé semblait aussi dissuasif qu’efficace.
On tenta de visiter l’église locale mais la porte de bois – au propre et au figuré — résista à l’enthousiasme gnousien avec la plus grande opiniâtreté.
L’équipe repartit d’un train quelque peu plus appuyé, car il restait près de 200 km à parcourir.
Au col de San Bartolomé, Papa Gnou jugea utile de faire une halte pour admirer le paysage. Finougnou se rangea à son flanc, mais les autres gnous facétieux montèrent un peu plus haut pour se garer, laissant CEO et CFO en contrebas. Hors de la vue du chef, les couques Meli - dont les gnous raffolent autant que les schtroumpfs de la salsepareille – sortirent par enchantement des fontes de CharminGnou. La boîte fût prestement estourbie pendant que PapaGnou, ignorant le tour pendable que lui avaient fait ses congénères, se nourrissait de paysages enchanteurs. Vu les efforts énormes que le cher leader faisait pour transformer la partie sphérique de son anatomie en une rectilinéarité absolue, les petits gnous se sacrifièrent en dévorant le stock de friandises que Milougnoussette avait amoureusement disposé dans les bagages de son taureau: le chef méditait tandis que les petits gnous mélitaient.
Cet épisode précipita le suivant : privé de sucreries, le gastre de PapaGnou le conduisit aussitôt en endroit qui mettrait fin son hypoglycémie.
Le restaurant de la Perdrix à Tejeda semblait parfaitement à même de résoudre le problème dans toute sa profondeur et son urgence.
Les gnous, fort grégaires, jetèrent leur dévolu sur de cordons bleus con patatras fritas pour calmer les jérémiades ventriloques de leur chef.
McGnou eût l’idée d’appeler Luci chez MPG à Tenerife pour la remercier de son efficace sollicitude lors de la libération des fougueuses machines enfermées dans leur purgatoire douanier. Il se présenta comme Carlos-Antonio de Gran Canaria ce qui précipita ses petits camarades dans une hilare cascade de mugissements dont ils eurent grand peine à se remettre. Finougnou insista pour que le départ se fasse rapidement, car il avait la veille, gardé un bout de conseil d’administration de côté pour le déguster 24 heures plus tard. Cette gourmandise, aussi impérieuse qu’elle soit, suscita fort peu d’enthousiasme dans le rangs, à tel point que la sensibilité de Finougnou s’en trouva quelque peu égratignée: il entendait être rentré à l’hôtel pour 17.30 heures afin de jouir de son conseil dans le calme de sa chambre, au lieu de converser avec Bruxelles et New-York depuis un banc public ibérique.
Il restait aux club des six à conquérir leur premier sommet à 2.000 mètres. Le Pico de las Nieves les attendait de pied ferme, enturbané dans sa nébuleuse calotte.
La température printanière en ce jour d’équinoxe chuta avec une rapidité déconcertante, plongeant les comparses dans une consternante menace d’hypothermie, d’autant que la nébulosité commençait à larger ses précipitations. Dans une tempête de vent, un brouillard intransperçable et un froid démoniaque, les six motos parvinrent au sommet, chargées de pliotes plus morts que vifs.
La splendeur du lieu qui apparut aux gnous, était occultée par un épais écran nuageux qui réduisait la visibilité à la longueur d’un câble d’embrayage. Dans ces circonstances, tout était à redouter : la chute, le carambolage, ou même l’envol d’un gnou étourdi dans les profondeurs d’un abime aussi invisible qu’insondable. Chacun tentait de rester sur ses sabots sans être catapulté au-delà du parapet. Une fraction de seconde seulement, les nuages se déchirèrent telle la mer rouge sous le bâton de Moïse, découvrant une vallée profonde et luxuriante planté de pins, d’eucalyptus, d’agaves et de cactus.
Le brouillard ayant à nouveau envahi le sommet, nous enfourchâmes nos motos transis et reprîmes la route, espérant retrouver des températures supérieures à 2*C.
CharminGnou se souvint qu’un petit artisan de Tejeda vendait de délicieuses sucreries aux amandes qui pourraient reconstituer une partie des précieuses calories perdues au Pico de las Nieves.
Nous redescendimes prudemment dans la vallée, non sans admirer la splendide nature qui s’offrait à nouveau à nos yeux. Pour rentrer à Puerto de Mogan, nous choisîmes d’emprunter la route de la côte, ce qui nous permit de traverser les multiples chorons pour vacanciers, accrochés aux flancs des montagnes telles des grappes de parasites suçant le sang de la roche sacrée. Nous nous réjouîmes de fuir ce germinal des congés payés pour rejoindre notre hôtel où nous attendaient notre agape vespérale et nos généreux couchages sur fond de marina et de mer paisible.