Mardi 28 juin 2022 - Eyjar - Höfn
Comme à peu près chaque matin, le ciel était clément, généreux de sa brise et de son ciel largement couvert.
Les gnous à présent dégoûtés de la précision et de la justesse des prévisions météo ne voulaient même plus consulter leurs téléphones. McGnou avait retenu ses comparses en raison d’un confcall qui s’était prolongé au-delà du raisonnable, ce qui retarda le départ. La piste gravillonneuse et grasse nous mit d’emblée en jambe et la pluie se mit à tomber après quelques kilomètres. Notre neuvième jour de pluie s’annonçait encore plus humide que les autres. Le matériel le plus ancien ou le moins efficace commença à lâcher prise: les gants de Milougnou devenaient spongieux, les bottes de PapaGnou, aquatiques et celles de Finougnou, carrément hydrauliques. La pluie froide s’immisçait partout, jusqu’à s’écouler en longues traînées froides sur la peau, d’abord à gauche, puis à droite, pour se rejoindre au milieu. |
Après une heure de cataractes goudronneuses nous fîmes un arrêt de 2 minutes a Berufjördur, juste le temps de se compter et de remonter en selle. Nos réservoirs criant de soif, nous fîmes halte à Djupivögur où nous pûmes admirer une œuvre batave sur Citroën 2CV qui nous laissa pantois. Le goût de l’aventure n’a plus rien à voir avec une telle expédition. Cela devient un subtil mélange d’abnégation et d’absence totale d’instinct de conservation. Il n’y aurait donc pas de contrôle technique outre-Moerdijk?
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Nous mourrions d’envie d’un chocolat chaud et posâmes nos machines devant Vid Voginn, haut lieu de la snackonomie de Djupivögur.
Quatre donzelles s’affairaient à l’intérieur mais refusaient obstinément d’ouvrir la porte. Avions nous l’air plus redoutables que nous le pensions? Désespérés, nous remontâmes pour aller chercher ailleurs le minimum de réconfort qu’exigeait notre pitoyable état. Un jeune homme arriva à vélo et s’excusa platement de nous avoir laissé sous cet orage et nous invita à entrer. Pour étonnant qu’il soit, le revirement nous ravit et nous occupâmes immédiatement 4 tables de 4 personnes en y amoncelant force tenues détrempées et casques dégoulinants. Il s’avéra que le jeune manager français était arrivé en Islande avec une aussi jeune et douce sicilienne qui ne supportait pas le soleil. La nature a de ces aller-retours passionnants. Finougnou leur demanda comment on pouvait venir habiter en Islande. En avion, répondit-il simplement. |
A notre première heure de souffrance, nous en ajoutâmes une deuxième qui dépassa tout ce que l’on pût imaginer. Nous décomptions les minutes ou les kilomètres qui nous séparaient de notre point de chute.
A notre étonnement, nous parvînmes à Höfn sans heurt. L’hôtel Höfn est sans équivoque tant au niveau de l’absence d’infrastructures hôtelières du port, qu’à celui de la féconde imagination de son propriétaire. Le réceptionniste nous accueillit avec un air dégoûté. Nos chambres n’étaient pas prêtes, nous annonça-t-il: vous pouvez vous changer dans les toilettes et ranger vos effets sous l’escalier. Le plumitif regretta aussitôt son aimable proposition, son lobby étant soudain empli d’une horde de mammifères au trois-quarts nus et détrempés. Notre pectoraux poutinesques ne favorisaient pas outre mesure l’appétit du personnel de nettoyage qui prenait par ailleurs son repas à côté. Finalement au sec, nous allâmes nous restaurer de langoustines au Kaffi Hornid. |