Jeudi 7 mai 2015
La vesprée avançait à grands pas lorsque les gnous, réjouis par leurs retrouvailles rallièrent la modeste chaumière des Charmingnous pour charger leurs motos et surtout pour déguster l’ineffable cuisine de la maitresse des lieux qui mettrait surement les petits plats dans les grands pour nos premières retrouvailles annuelles. Hélas, l’édition 2015 des pérégrinations gnoussiennes doit se faire à 5 et non à 6, Petit Gnou étant passé par la case bistouri la veille du départ. En vrai Gnou, il ne manqua pas de venir, encore meurtri, encourager ses congénères au moment des préparatifs.
Notre escapade de 2014 aux Etats-Unis avait imposé à Finougnou la location d’une BMW; seule la nécessité absolue de ménager sa gnoussette sur le tape-cul l’avait décidé à essayer une machine qui ne correspondait en rien à ses aspirations aristocratiques: un best-seller techniquement abouti qui ne lui permettrait pas de démontrer ses ambitions sportives et le ferait définitivement passer pour un vieillard embourgeoisé. Las, les ingénieurs de Munich ont des arguments qui font tomber les aprioris les plus résistants et Finougnou se résolut à passer chez le concessionnaire pour signer un bon de commande qui le ferait passer à l’ère de la mécanique moderne.
Il constata le lendemain qu’allégé des 48 kgs de sa gnoussette, la GS était plus maniable encore que le souvenir qu’il en avait. Voulant s’épargner des trajets aussi inutiles que fastidieux, Mc Gnou empila les deux remorques et les amena toute de go jusqu’à Tervuren ou notre hôtesse du jour avait concocté des agapes exceptionnelles.
A peine les précieuses remorques arrivées, Papa Gnou se précipita comme à son habitude pour s’occuper du matériel, lui que ces préparatifs enchantent.
Mc Gnou était allé dénicher en Rhénanie-Palatinat un improbable loueur qui disposerait des indispensables remorques nécessaires à notre voyage; en effet, après d’infructueuses recherches dans des contrées plus ménapiennes nous dûmes orienter notre quête outre-Eynatten.
Les gnous posèrent leur dévolu sur deux remorques en aluminium massif de construction teutonne, pouvant transporter chacune trois de leurs engins favoris. Il y avait lieu de choisir du matériel fiables, car deux gnous avaient décidé de remplacer leurs Honda VFR qui commençaient à dénoter dans le paysage et qui avaient assurément fait leur temps, vu le misérable prix offert pour leur reprise.
On monta, sangla, serra et resserra jusqu’à ce que l’ensemble ne fisse plus qu’un et que nos motos ne puissent bouger d’un millimètre sans forcer la remorque à en faire autant.
Lorsque la cloche sonna, heureux d’en avoir terminé, nous allâmes déguster la gastronomie de Charmingnoussette que son conjoint humecta des meilleurs compléments oenologiques. Nous nous séparâmes quelque peu avinés mais heureux de nous revoir le lendemain pour le grand départ. Papa Gnou avait ordonné sentencieusement : départ à huit heures sharp ce qui avait provoqué chez Finougnou une moue mêlée de dégoût et de désapprobation.