Dimanche 19 juin 2022 - Zaventem - Grindavik
Les gnous se retrouvèrent à Zaventem plusieurs heures avant le départ prévu à 14.00 heures. La grève annoncée pour le lendemain grondait et la rumeur publique voulait que certains membres du personnel au sol prennent une avance sur l’arrêt de travail tant attendu.
Le contrôle de sécurité se fit cependant sans souci et les herbivores se ruèrent sur la taverne sise à côté de la fusée d’Hergé. La meilleure herbe étant celle que l’on a sous les sabots, mieux vaut ne pas chercher plus loin ce que l’on ne trouvera ni à proximité, ni ailleurs. La gastronomie aéroportuaire ménapienne n’a jamais impressionné qui que ce soit, et sa réputation ne fût pas prise en défaut: en dehors du prix exorbitant, elle n’avait rien d’exceptionnel: un plat tiède dans une assiette froide, cela sent à plein nez le réchauffé au magnétron.
McGnou avait fait l’acquisition de sa dotation douanière de vins dits tranquilles. Il avait déniché quatre bouteilles de ce qu’il y avait de mieux au duty-free. Il en fût tant raillé par ses petits camarades onguligrades qu’il décida de transformer l’essai en acquérant quatre bouteilles supplémentaires: Finougnou ne mangerait pas sa selle de rage à l’idée d’étancher sa soif à la cervoise et l’aquavit, le Listrac et le Saint-Julien étant du voyage. Les précieux flacons s’ajouteraient aux 15 litres d’essence que pouvaient contenir les jerricans de réserve juchés sur les porte-bagages. Ni les montures, ni les monteurs ne seraient privés de leurs liquides favoris.
Papagnou, tres regardant, avait décliné toutes les options proposées à la réservation du vol; issue de secours à 25,-€: NON, fenêtre a 22,- €: NON, couloir à 20,-€: NON, bagage en soute à 45,-€: NON, Pourboire à 0,-€ OUI. Les actionnaires d’Icelandair n’auront qu’à déchirer leurs tricots de désespoir, son personnel de cabine se contentant de boire l’eau claire qui jaillit du glacier Eyjafjallajökull.
Le road-book reçu la veille était ambitieux; on ferait le tour de l’île en 11 nuits sans obscurité cumulant fjords, volcans, pistes de lave et glaciers. Le programme ne prévoyait cependant ni gués, ni sentiers de moutons. Il y a sur la toile assez d’aventuriers à moitié fous dont le seul bonheur est de se mettre dans des situations inextricables dans le seul but d’alimenter leurs comptes Instagram et YouTube. Les gnous sexagénaires comptent bien revenir du cercle polaire en six morceaux sur un vol régulier et non en Mystère 20 d’Europ Assistance.
Pour ce premier jour sur le sol septentrional, les gnous étaient à pied et - comble de l’humiliation - sur 4 roues, leurs montures n’étant livrées que le lendemain. La première escale fût le pont intercontinental qui relie la plaque tectonique américaine à l’européenne: un genre de Bosphore à la sauce nord-atlantique en 15 mètres de large!
Pinnacle du cliché islandais, Blue Lagoon vit les comparses se baigner ensuite dans les eaux thermales et thermiques de cette île volcanique dont l’activité tellurique permet à peu près tout, même la production des célèbres bananes islandaises. Le masque de boue blanche leur donna des airs de trolls revenant de je ne sais quelle guerre.