Lundi 7 mars 2011
TE ANAU - DUNEDIN
Ce matin, Papa Gnou avait décidé de partir TOT! En effet, de Te Anau à Dunedin nous avions 500 km à parcourir et il ne voulait pas arriver après la tombée de la nuit. Il avait programmé le petit-déjeûner à 7.00 h et le départ à 7.30 h ce qui avait provoqué moult quolibets et rebiffades.
Il avait compté sans les facéties des Gnous, qui d'une part sont fort indisciplinés, et d'autre part n'aiment pas être tiré du lit aux aurores. Pour s'assurer que Papa Gnou ne manque pas son départ, un gnou anonyme avait réglé le réveil de sa chambre sur 6.00 h. A l'heure dite, Papa Gnou pris à son propre piège se trouve arraché des bras de Morphée et propulsé dans une aube aussi froide que nocturne. Après quelques minutes d'une sonnerie aussi trépidante qu'agaçante, le calme revient sur la chambrée et Papa Gnous se replongea avec délices dans sa torpeur matinale. Le pernicieux réveil ne l'entendait pas de cette oreille et se remis à vociférer ses imprécations numériques et matinales à 06.15 h, programmé qu'il est à répéter à l'infini son travail bête et méchant. C'en était trop pour Papa Gnou qui décida de rechercher dans les chambres voisines le coupable de ces méfaits. Les gnous qui tous ont des souvenirs atroces des réveils militaires se sentirent projetés 30 ans en arrière à l'ouir des vociférations bien peu civiles de leur leader. Faute d'être entendu, rien de tel que les actes: l'absence de formation militaire a privé Papa Gnou de toute référence ABL, mais pas du bon sens soldatesque qui consiste à mettre tout le monde en position verticale. La torpeur de Raoul ayant mis sa patience à bout, il décida de mettre le lit, les draps, les couvertures et leur occupant au garde-à-vous, et ceci au mépris de son arthrose, ce qui prouve si besoin est, sa totale abnégation lorsqu'il s'agit de remettre ses gnous au carré. Soupçonnant à présent chacun du coup du réveil, Papa Gnou jeta son opprobre aléatoire sur Emile, ruminant une revanche aussi basse que futile: il prit les clefs de la Kawasaki, nourrissant le projet de cacher son engin dans un fourré. Il ne trouva malencontreusement que la clé de son coffre à bagages et la moto refusa obstinément de démarrer. N'écoutant que sa soif de vengeance, il partit à la recherche de la vraie clef de contact qu'il finit par trouver. Il pouvait enfin mettre en oeuvre son funeste dessein.
S'étant apperçu de la supercherie, Emile déclara tout de go qu'il ne partirait que quand sa moto serait devant la porte de l'hotel. L'urgence du départ étant plus forte que la soif de vengeance, Papa Gnou dût se rendre à l'évidence et abandonner ses projets de rétorsion afin d'accélérer le départ.
Le temps s'était à nouveau rafraichi, et les gnous se demandaient pourquoi ils avaient emporté force shorts et maillots de bain.
A 8.00h le thermomètre affiche 3° C et le ciel est couvert. Une fois les bagages arrimés, les six avaleurs de tarmac s'élancent vers le sud. Une fois les pleins faits, nous attaquons la route sous un ciel menaçant.
Papa Gnou ruminait encore sa colère qu'il ne pouvait passer que sur les objets qu'il avait à portée de la main au guidon de sa Triumph. L'objet le plus en vue et le plus nécessaire était son Garmin de navigation. Voyant dans cet objet inerte et inoffensif un dérivatif idéal à sa colère refoulée, il se mit à le marteler à répétition lui demandant de recalculer l'itinéraire vingt fois par minute. L'appareil, bon prince fit de son mieux, mais le support en plastique fabriqué en Chine se révolta, laissant choir le précieux calculateur aux pieds de son propriétaire. De guerre lasse, il s'enquit de réparer le support en utilisant tout un rouleau de toile isolante pour obtenir un résultat laissant totalement à désirer. A présent, le Garmin se balance misérablement et vibre à tout rompre.
L'heure du déjeûner approchait et nous trouvâmes de quoi nous sustenter dans une petite bourgade répondant au doux nom d'Owaka. Le seul bar café du coin nous servit un repas qui était pantagruélique au regard des circonstances et de l'éloignement.