Dimanche 13 juin 2021 Boucle Gennargentu
Les gnous avaient fixé le coup de cloche du petit-déjeuner à 7.30 heures, en raison du lourd programme de 350 km à parcourir sur la journée. Les attaques de paupières et pannes d’oreiller en décidèrent autrement. Nous nous retrouvâmes à table avec 30 minutes de retard et ne pûmes démarrer nos moteurs que vers 9.30 heures. La température était encore clémente avec 24 degrés et nous nous réjouissions de visiter le ventre mou de l’île: la zone où il n’y a quasi aucune ville, peu de routes et une luxuriante nature quasi inviolée.
Nous partîmes avec beaucoup d’entrain, à l’idée de passer environ 7 heures en selle à arpenter le bitume financé par les fonds structurels européens et la BEI.
L’astre montant dans le ciel, nous commencions à transpirer. Nous étions arrêtés au bord de la route après avoir traversé Meana Sardo lorsqu’un aimable sarde s’arrêta pour nous signaler qu’il y avait une fontaine à une centaine de mètres. Vu le nombre de tricycles à moteur piaggio qui venaient y charger leurs jerricans, nous pensâmes qu’elle devait être super-potable. Les gourdes se remplirent et les gnous se vidèrent pour faire de la place à l’eau fraîche.
Le revêtement était d’une qualité encore supérieure à ce que nous avions expérimenté auparavant. Nous pouvions attaquer les flancs des pneus sans risquer la moindre anicroche. Nous évoluâmes ainsi, prenant la tête de la colonne à tour de rôle et nous divisant en sous-groupes en fonction des compétences et de l’entrain respectifs. Notre principe sacro-saint “Samen huis, samen thuis” ne fût pas pris en défaut. Nous appliquions le bon principe militaire selon lequel chacun est responsable de celui qui le suit. Le groupe se reconstituait ainsi à chaque changement de direction ou carrefour important.
Nous longeâmes et croisâmes à de multiples reprises l’ancienne ligne de chemin de fer 109 à voie étroite de 95 cm, qui depuis son inauguration en 1893 desservait les villages de montagne. Cette ligne, remplacée par de vilains autobus dès 1956, tomba en décrépitude mais les rails ne furent pas enlevés, ce qui permit en 1997, de l’affecter à une liaison quotidienne destinée aux touristes.
À la stupéfaction de McGnou, deux vidéastes l’informèrent de l’imminente arrivée d’un convoi du trenino verde, le petit train vert. Une automotrice arriva aussitôt au passage à niveau non gardé et deux convoyeurs descendirent de la voiture pour arrêter le trafic. Le véhicule passa avec un train de sénateur et les quelques cyclistes et piétons badauds purent admirer une tranche de vie ferroviaire de la Sardaigne qui se déroulait sous leurs yeux.
Nous passâmes ensuite sur le viaduc du Lago basso del flumendosa, sur la RN 198. Cette immense étendue d’eau à perte du vue nous impressionna particulièrement.
Nous repassâmes la voie à la station de Gairo Taquisara ou Papa Gnou s’empressa d’aller acquérir des glaces au Café de Marco Salis. La vieille gare, les rails et le matériel semblent attendre patiemment le retour du train qui rythma la vie du village avant l’apparition des camions.
Sur le chemin du retour, nous fîmes une courte halte au col de Genna Silana d’où la vue sur les montagnes environnantes et magnifique.
Nous de descendîmes ensuite sur Guthiddai, ce qui clôtura ce merveilleux Giro de Sardaigne