Mardi 28 mars 2023 Posada Salentein
On se retrouva sur la terrace pour le petit-déjeuner qui fût délicieux: yaourts aux fruits frais de saison, gravlax de truite, viennoiseries cuites sur place: rien ne manquait. Nous commencions à jouir du grand jardin de la Posada Salentein avec les vignes en arrière-plan, le tout baigné de soleil matinal et austral.
Les caves de Salentein sont les plus réputées de la région. Nous avions décidé de les visiter.
Nous arrivâmes devant un grand bâtiment contemporain émergeant parmi les ceps et les sarments. La petite-fille du fondateur venait de commencer la visite guidée du domaine. Elle nous expliqua que la vallée de Uco était un désert jusqu’à la fin du vingtième siècle. A cette époque, son grand-père s’y établit pour planter des vignes. Le calcaire du sol offrait toutes les qualités d’un excellent terroir. Seul manquait l’eau car il n’y pleut que rarement; il se décida pour un arrosage goutte à goutte mettant à profit l’invention des Incas.
Le domaine comprend 2.000 ha de terrain dont 900 encépagés qui produisent 14 millions de bouteilles par an. On y retrouve chardonnay, Sauvignon blanc, Malbec, Cabernet-Sauvignon, pinot noir, Cabernet franc et d’autres encore.
La vendange s’étale de fin février à mi-avril et nous pûmes goûter quelques grains qui avaient échappé aux mains expertes des vendangeurs.
Nous descendîmes ensuite dans les caves. Une cathédrale de béton enterrée s’offrît à nos yeux. Tout était conçu pour la vinification, le plaisir des yeux et le marketing du domaine. L’ensemble majestueux était totalement cohérent et harmonieux. Nous visitâmes chais, barriques et cuves et terminâmes par une dégustation de chardonnay, de Malbec, et de Cabernet Sauvignon qui remporta tous nos suffrages.
En sortant, nous décidâmes d’acquérir deux caisses pour agrémenter la suite de notre voyage.
Le déjeuner constitue d’un délicieux Ojo de bife - littéralement œil de bœuf - qui était d’une tendresse inégalée et d’un goût exceptionnel.
Charmingnou, Milougnou et McGnou avaient décidé de lancer leurs roues sur les flancs du Volcan Tupungato qui semblait fort attirants.
Après quelques kilomètres bitumeux, la route se fit gravillonneuse. Nous longions un torrent d’eau claire qui descendait de la montagne qui sert entre autres de frontière aux pays contigus.
La route devint pierreuse et escarpée et nous atteignîmes un poste-frontière perdu dans la montagne. Un affable douanier nous demanda nos passeports et consigna nos noms à la main sur une feuille de papier couverte des dessins qu’il avait exécutés pour tromper l’ennui. Cette indispensable formalité exécutée, il nous ouvrit la barrière.
La route devint piste avec des morceaux de rochers, des lacets et l’un ou l’autre gué que nous passâmes prestement. Charmingnou décida de rebrousser ce chemin qui se terminait plus haut en cul de sac et ne lui offrait plus qu’un plaisir immensément modéré.
Milougnou et McGnou poussèrent jusqu’au puente del salto a 2.700 metres. Cet ouvrage d’art constitué de quelques poutres de bois disposées sur deux poutrelles métalliques enjambait le torrent. Au-delà, la piste se changeait en chemin et les lacets se resserraient. Afin d’éviter de la casse au début du voyage, nous fîmes sagement demi-tour dans ce paysage de rêve.
La descente fût plus aisée et nous repassâmes au poste de douane ou le fonctionnaire ne contrôla plus rien: son efficacité avait-elle atteint ses limites ou avait-il reconnu les motos qui étaient passées dans l’autre sens une demie heure auparavant? Nous lui fîmes nos civilités sans démonter et poursuivîmes notre descente.
Rentrés à la Posada, il nous restait à échanger nos impressions autour d’un verre pendant que le soleil nous disait “Hasta mañana” en disparaissant derrière les vignes.