Mardi 8 juin 2021 Verbier - Gênes - Olbia
Notre repas du soir ayant été fort léger, notre sommeil fût profond et réparateur. Les portes commencèrent à claquer avant le lever du soleil, accompagné de l’aquatique bruissement des chasses de WC.
La journée s’annonçait chargée et pleine de défis. Il nous manquait 5 tests PCR, 4 formulaires en ligne « Sardinia sicurra » et 4 formulaires en ligne « Digital Passenger Locator form »
Les gnous ne sont pas des geeks, mais la fonction créant l’organe, chacun parvint à remplir les précieux documents souvent après de nombreuses tentatives.
Milougnou conduisit McGnou à Martigny dans sa splendide Panda tandis que Papa Gnou vaquait à ses occupations vicinales, tentant d’éteindre ou de rallumer l’incendie mitoyen qui couvait sous le gazon de sa Fouine. Il avait par ailleurs obtenu 5 rendez-vous à la pharmacie pour des tests express nous permettant de passer le Saint-Bernard. Nous nous rendîmes à la Migros ou une aimable pharmacienne nous fit les tests rhino-pharyngés que nous apprécions tant.
La Fouine, Rebecca et le Bourdon enfin clos, les ruminants motorisés s’élancèrent à l’assaut du tunnel Bernardin. Le passage de la douane se fit sans la moindre formalité: les tests que nous avions faits une heure auparavant ne nous furent même pas demandés.
Côté valdotain, le soleil brillait et nous fîmes une descente fort agréable, appréciant les températures inversement proportionnelles à notre altitude.
Le programme de la journée prévoyait 250 km d’autoroute et nous n’attendions pas grand chose de cette étape de liaison qui fût à la mesure de nos attentes. Nous nous étions promis de faire halte tous les cent kilomètres. Le premier arrêt nous permit de somnoler quelque peu dans le seigle sauvage, assoupis par le ronronnement des V12 Iveco qui transitaient à quelques mètres.
Entre Turin et Gênes la troupe perdit son chef qui s’échappa du peloton en quête de quelque frisson grisant et rafraîchissant. Désespérés les gnous, ainsi lâchement abandonnés, décidèrent de faire une petite sieste sur un parking malodorant et fréquenté uniquement par des chauffeurs bulgares en manque de latrines.
En route, une superbe Lamborghini orange à capote noire nous dépassa à la vitesse d’une Volkswagen Up en surrégime, en raison d’un radar tronçon de 43 kilomètres.
Les ruminants se retrouvèrent au péage de Gênes, alors qu’il ne restait qu’une vingtaine de kilomètres à parcourir.
Nous empruntâmes le Pont Genova San Giorgio, successeur du funeste pont Morandi qui s’était écroulé le 14 août 2018, privant 43 personnes de la vie.
Les cinq motards arrivèrent au port, démasqués (il est impossible de porter le masque et le casque!) et présentèrent au plumitif force codes QR digitaux, papier, certificats numériques et PDF minuscules sur des écrans de 7 pouces. Le seul lisible était le Samsung pliable dernier cri dont Papa Gnou n’était pas peu fier.
Une fois le contrôleur satisfait de ses investigations, on colla sur nos pare-brises d’affreux petits laissez-passer qui défiguraient nos montures.
On nous attribua la piste 6 réservée au deux roues où nous fûmes en contact avec quelques motards sardes rentrant chez eux ou continentaux en mal de plaisirs insulaires.
Après deux heures d’attente, nous pûmes enfin embarquer au pont 4 du Ferry Moby et démontâmes de nos machines en quête de nos cabines.
La faim tenaillant les estomacs les plus frugaux, un repas à la cafétéria s’imposait. Milougnou qui a pris l’habitude de jeûner entre 14.00 heures et 8.00 heures était intéressé par un thé léger, ce qui ne fût pas du gré des affamés. Entre restaurant à la carte et bar, nous allâmes prendre une Moretti à la poupe et passâmes ensuite au self service qui offrait une variété de mets parfaitement acceptable pour un affamé.
Les cabines qui nous avaient été attribuées portaient les numéros 6134 et 6314: un régal pour dyslexiques en quête de défis.
Chacun pris son quartier nocturne, renonçant à consulter ses courriels, la dernière antenne GSM étant déjà loin derrière nous.