Lundi 27 juin 2022 - Modrudalur - Eyjar
Les gnous attendaient cette journée comme le Graal arctique qui leur ferait goûter à la quintessence de la splendeur islandaise: des montagnes merveilleuses, des steppes vertes et moutonneuses, des pitons rocheux surplombant leur itinéraire, tout serait au rendez-vous pour saluer le passage des onguligrades motorisés. La nuit avait été agitée et laborieuse: d’aucuns avaient trop mangé, d’autres pas assez bu. Pour pittoresque qu’il soit, ce cottage à 7 lits offrait le confort des hospices de Beaune dans la Grande Vadrouille. Les gnous étendus tête-bêche comme des gisants dans une nécropole bénéficiaient d’un pudique rideau sensé protéger leur intimité des odeurs, borborygmes et onomatopées intempestives de leurs comparses. En un mot comme en cent, on partagea tout, sauf le sommeil s’entend. Même le rhume de Charmingnou qui dure une semaine lorsqu’il le soigne et 7 jours s’il ne le soigne pas, fût à la fête de ce feu d’artifice oral et guttural. |
Egilsstadir
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La nuit arctique ayant été sèche et lumineuse, nul doute que la journée le lui disputerait. Le départ fût pris dans l’entrain et la bonne humeur.
Peu à peu les éléments s’imposèrent insidieusement aux ruminants: la boue de la piste, puis un petit crachin qui s’intensifia pour percer les couches plus ou moins hermétiques, enfin ces redoutables claques de vent qui nous rappelaient un récent incident encore fraîchement présent dans nos mémoires.
Escaladant un col, nous nous rapprochâmes inexorablement du plafond ce qui ne nous laissait plus que le plancher à admirer. La route poursuivant son ascension, nous nous retrouvâmes enveloppés dans un épais brouillard qui laissa libre cours à notre imagination. L’un se voyait au bord d’un lac, l’autre dans un maquis et le troisième dans une large toundra. Tous avaient successivement raison car nul n’aurait pu savoir dans quel environnement il se trouvait.
Celui-ci déduisait logiquement qu’une étendue d’eau en altitude ne peut être un fjord. Celui-là réagissait avec émotion, pensant qu’un paysage invisible ne représente aucun intérêt. Les plus positifs pensaient - tels des aveugles de naissance - que les paysages étaient encore bien plus beaux dans leur imagination qu’en réalité.
Peu à peu les éléments s’imposèrent insidieusement aux ruminants: la boue de la piste, puis un petit crachin qui s’intensifia pour percer les couches plus ou moins hermétiques, enfin ces redoutables claques de vent qui nous rappelaient un récent incident encore fraîchement présent dans nos mémoires.
Escaladant un col, nous nous rapprochâmes inexorablement du plafond ce qui ne nous laissait plus que le plancher à admirer. La route poursuivant son ascension, nous nous retrouvâmes enveloppés dans un épais brouillard qui laissa libre cours à notre imagination. L’un se voyait au bord d’un lac, l’autre dans un maquis et le troisième dans une large toundra. Tous avaient successivement raison car nul n’aurait pu savoir dans quel environnement il se trouvait.
Celui-ci déduisait logiquement qu’une étendue d’eau en altitude ne peut être un fjord. Celui-là réagissait avec émotion, pensant qu’un paysage invisible ne représente aucun intérêt. Les plus positifs pensaient - tels des aveugles de naissance - que les paysages étaient encore bien plus beaux dans leur imagination qu’en réalité.
Ce parcours sublime se poursuivit dans la gaze et nous parvînmes à Seydisfjördur dont nous devinâmes l’ineffable rive du fjord, notre prudence de sioux nous évitant de nous précipiter dans ses profondeurs abyssales.
Le village jouit d’un charme certain avec ses maisons de bois chamarrées d’origine norvégienne, ses centres et activités artistiques et son pavement arc-en-ciel qui mène à la petite église locale dans une ambiance LGBTQUIA+
Appréciée des jeunes artistes farfelus, des fêtards et des excentriques elle est également une escale prisée des paquebots qui peuvent s’amarrer en eau profonde à une encablure du centre.
Notre lunch terminé, nous remontâmes avec appréhension et amertume.
PapaGnou décida d’écourter son programme pensant que les pneus et l’essence des gnous valaient mieux que le brouillard nordique. Cette initiative fût applaudie uni sono.
Ayant pris de l’avance sur le peloton pour immortaliser son passage dans cet enfer de coton, Petit Gnou prit la tête; lorsque le maître incontesté réalisa que la harde avait obliqué à un carrefour, il claxonna virulemment pour rassembler sa troupe, hélas sans succès. Las, il décida de poursuivre son itinéraire pendant que ses congénères allaient se faire pendre à quelque gibet de fortune érigé à la hâte par une population hostile aux herbivores africains.
De gibet, point. Les gnous arrivèrent quasi ensemble à Eyjar, destination de la journée. Un agréable gîte isolé dans la plaine du fjord où tous se réjouissaient de clôturer la journée médiocre par un excellent dîner.
Les déconvenues, telles des gnous opéraient en troupeau car nous ne trouvâmes aucun restaurant sur place. Le moindre village était à plus de 10 kilomètres et le propriétaire du loche ne relevait pas les appels téléphoniques.
Milougnou le prévoyant, alla vider ses fontes et déposa sur la table force KitKat, Snickers et autres sucreries qui feraient effet de nocturne viatique. PapaGnou se flagellait de n’avoir pas contrôlé que le restaurant soit ouvert. Nous le consolâmes tant bien que mal mais à l’évidence, il ne se le pardonnait pas. On envisagea différentes positions de repli en dévorant les sucreries, mais notre ardeur diminuait au fur et à mesure que nos rumens s’emplissaient de glucides. On prit un thé et se souhaita bonne nuit qui serait la meilleure partie du lendemain, les prévisions étant pires encore que la météo du jour passé.
Le village jouit d’un charme certain avec ses maisons de bois chamarrées d’origine norvégienne, ses centres et activités artistiques et son pavement arc-en-ciel qui mène à la petite église locale dans une ambiance LGBTQUIA+
Appréciée des jeunes artistes farfelus, des fêtards et des excentriques elle est également une escale prisée des paquebots qui peuvent s’amarrer en eau profonde à une encablure du centre.
Notre lunch terminé, nous remontâmes avec appréhension et amertume.
PapaGnou décida d’écourter son programme pensant que les pneus et l’essence des gnous valaient mieux que le brouillard nordique. Cette initiative fût applaudie uni sono.
Ayant pris de l’avance sur le peloton pour immortaliser son passage dans cet enfer de coton, Petit Gnou prit la tête; lorsque le maître incontesté réalisa que la harde avait obliqué à un carrefour, il claxonna virulemment pour rassembler sa troupe, hélas sans succès. Las, il décida de poursuivre son itinéraire pendant que ses congénères allaient se faire pendre à quelque gibet de fortune érigé à la hâte par une population hostile aux herbivores africains.
De gibet, point. Les gnous arrivèrent quasi ensemble à Eyjar, destination de la journée. Un agréable gîte isolé dans la plaine du fjord où tous se réjouissaient de clôturer la journée médiocre par un excellent dîner.
Les déconvenues, telles des gnous opéraient en troupeau car nous ne trouvâmes aucun restaurant sur place. Le moindre village était à plus de 10 kilomètres et le propriétaire du loche ne relevait pas les appels téléphoniques.
Milougnou le prévoyant, alla vider ses fontes et déposa sur la table force KitKat, Snickers et autres sucreries qui feraient effet de nocturne viatique. PapaGnou se flagellait de n’avoir pas contrôlé que le restaurant soit ouvert. Nous le consolâmes tant bien que mal mais à l’évidence, il ne se le pardonnait pas. On envisagea différentes positions de repli en dévorant les sucreries, mais notre ardeur diminuait au fur et à mesure que nos rumens s’emplissaient de glucides. On prit un thé et se souhaita bonne nuit qui serait la meilleure partie du lendemain, les prévisions étant pires encore que la météo du jour passé.
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